Incertain, mais prometteur


Edito

Ecrit par Pascal Béria

C’est par ces mots que Mike Sendall, responsable du CERN, notifia la proposition du jeune chercheur Tim Berners-Lee qui, du fond de son labo, s’apprêtait à changer le monde. C’était en mars 1989. Il y a 30 ans pile. Cette note interne, qui cherchait le moyen de simplifier l’échange d’informations entre les chercheurs du monde entier, sera le fondement du World Wide Web. La révolution était en marche.

Depuis, tout s’est passablement compliqué. Comme toutes les révolutions, rien ne s’est vraiment passé comme prévu. Ce pauvre Tim a été rattrapé par le syndrome de Frankenstein. Sa créature lui a échappé et, par un mécanisme pervers, son rêve de simplicité et d’ouverture est devenu le symbole de tous nos fléaux. En trois décennies, le Web a tout changé mais est aussi devenu le bouc émissaire docile et éthéré que l’on charge de tous nos malheurs.  

L’invention du Web nous rappelle trois leçons. La première, c’est que l’innovation requiert de l’humilité, comme elle naît souvent là où on ne l’attend pas. D’autre part, une révolution — qu’elle concerne les droits de l’Homme ou les codes du Web — nécessite des garde-fous. Enfin, elle se plie à un contrat moral qui lui confère une éthique, et ne laisse en aucun cas l’Humain sur le bord du chemin.

Le World Wide Web fait désormais partie d’un patrimoine commun pour 3,9 milliards d’habitants de la planète. Inutile, donc, de chercher à rappeler l’incroyable apport qu’il a été pour l’humanité ni le formidable propulseur d’innovation qu’il continue à être. 

L’esprit du Web tel que Tim l’avait rêvé, c’est celui du partage, de la collaboration et de la connaissance. Ce patrimoine est en danger et il nous appartient à tous, acteurs et utilisateurs du Web, de le protéger et de réfléchir à ce que nous voulons transmettre aux prochaines générations. 

Et ça tombe bien parce que la transmission, c’est justement le thème que nous explorerons lors de notre prochain sommet en juillet à Arles et croyez moi, nous ne nous cantonnerons pas seulement au Web.