On est prêts


Edito

Écrit par Pascal Béria

Depuis quelques mois, un mouvement citoyen de protestation semble irrésolument se structurer autour d’une idée forte. Un mouvement qui a pris sa source sur Internet et s’est, depuis, insidieusement diffusé « in real life ». Rassurez-vous, nous n’allons pas vous parler des gilets jaunes. Mais plutôt d’un autre phénomène, apparu à peu près au même moment et tout aussi hétérogène.

En quelques mois, quelques semaines se sont succédés le défi #OnEstPrêt lancé par les Youtubeurs, l’appel des 500 pour un « lundi vert », la pétition aux 2 millions de signataires lancée par « l’affaire du siècle ». C’est désormais une marche mondiale pour le climat qui rassemble les citoyens au chevet de la planète, derrière une Greta Thunberg érigée en figure de proue d’un mouvement résolument jeune et déterminé. La récente naissance du lobby citoyen étudiant « La Bascule » souligne aussi la détermination et l’urgence d’une pression sur le monde politique et institutionnel.  En 2019, la mobilisation pour l’écologie devient massive. Il était temps.

A bien y réfléchir, ces phénomènes collectifs convoquent pour beaucoup la mécanique donnant naissance aux idées. Et plus encore celle de leur partage.

Une idée n’existe pas dans la nature en tant que matière brute, nous disait Bourdieu. La fulgurance créatrice d’un Archimède prenant son bain ou d’un Newton sous son pommier n’est qu’un mythe. L’idée est d’abord un aboutissement. Celui d’un héritage collectif, de la capacité de communication des individus et d’un contexte favorable permettant de « faire école ». On doit donc l’éveil écologique à la convergence de 50 ans de militantisme et d’alerte de la communauté scientifique, à la puissance communautaire d’internet et à une urgence climatique qui n’échappe désormais qu’au plus obtus.

Aux Napoleons, nous mettons un point d’honneur à favoriser l’échange des idées et à tout mettre en œuvre pour susciter les conditions propices à leur diffusion. Et pour ce qui est de l’héritage, c’est précisément le thème que nous avons prévu de développer cet été à Arles. On connait l’extrême puissance des idées. Mais nous savons aussi leur fragilité dès lors qu’on ne prend pas soin d’elles. Une analogie partagée avec notre planète.
Crédits Photo – ©La Bascule