Action / Réaction


Edito

Ecrit par Pascal Béria

Il y a un fort effet performatif au mot « action ».

Au cinéma, sa seule évocation sur un plateau de tournage a le pouvoir de transformer instantanément la réalité pour la faire entrer dans le monde de la fiction. Plus prosaïquement,« Action » est aussi le signal qui permet de lancer les techniciens et d’avertir les comédiens qu’il est temps de s’y mettre.

Dans la vraie vie comme au cinéma, l’action suscite toujours l’attente d’un résultat. Le principe même d’action-réaction est irrémédiablement inscrit, depuis Newton, dans les lois de la physique et implique la réciprocité à une force exercée. Par conséquent, quoi que nous fassions, nous attendons toujours une réponse à nos actions. Une note à l’école, une promotion au travail, une médaille à notre revers ou un simple remerciement à une porte tenue dans le métro. Difficile d’aller à l’encontre de cette recherche de reconnaissance quasi pavlovienne. Les designers des réseaux sociaux l’ont d’ailleurs compris depuis longtemps. Sans récompense, on n’agit pas. Et c’est peut-être ça le problème.

« Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années » écrivait Jean Giono dans L’homme qui plantait des arbres. Une ode au temps long et à l’action « dépouillée de tout égoïsme » et qui « n’a cherché de récompense nulle part » précise l’écrivain.

Il y a beaucoup à apprendre de ce conte réaliste écrit en 1953. D’abord que, quelle que soit l’action menée, l’important est la qualité de l’intention initiale. Le reste est une histoire de temps. C’est ensuite parvenir à savoir si notre monde soumis à l’immédiateté, à la performance laisse encore une place pour l’action dont on ne récolterait pas instantanément le fruit. Un désintéressement qui sied mal à l’époque. Celui d’œuvrer avec acharnement pour les générations futures sans attendre de médaille en retour. C’est tout un conditionnement qui est à revoir. Et ça, c’est une autre histoire dont nous aurons le temps de parler lors de notre prochain sommet de janvier.

On vous attend…