L’enfer c’est les gens
Ecrit par Pascal Béria
On a souvent tendance à parler des gens dans nos conversations. Non par pur altruisme, mais plutôt par paresse. « Les gens profitent du système ». « Les gens polluent ». « Les gens sont dingues ». Pointer les gens est bien pratique. Cela permet une mise à distance immédiate.
En réalité, parler des gens, c’est parler de tout le monde sauf de soi-même. Évoquer « les gens », c’est désigner une multitude un peu lointaine et, par conséquent, s’extraire du cas général pour se retrancher dans le singulier. « Les gens » incarnent l’Autre. S’ils polluent, c’est par inconsistance. S’ils profitent du système, c’est qu’ils sont animés par un égoïsme coupable. « Les gens » sont un outil d’essentialisation pratique pour enfermer dans des comportements stéréotypés et souvent réfutables. Un totem qu’il est facile de charger de tous nos maux pour mieux s’en affranchir. Eux, mais pas moi.
En réalité, les gens n’existent pas. Ou plutôt, ils n’existent que dans l’œil de celle ou celui qui y fait référence. « Les autres sont au fond ce qu’il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes » disait Sartre en explication de son Huis clos. Au regard des enjeux climatiques, sociaux, géopolitiques, civilisationnels, chercher à s’affranchir de la multitude n’a proprement aucun sens. « Nous sommes tous coupables de tout et de tous devant tous, et moi plus que les autres. » rappelait le philosophe Emmanuel Levinas. En d’autres termes, il ne sert à rien de chercher la responsabilité ailleurs que chez soi-même. Si nous voulons agir, c’est tous ensemble. Pas en se renvoyant la balle…
De manière plus prosaïque, c’est un retour au « un pour tous, tous pour un » de notre littérature romanesque qui aurait pu servir de slogan à notre prochain sommet consacré, si vous ne le savez pas encore, à l’action. Nous y rencontrerons celles et ceux qui ont des solutions pour faire face aux défis qui nous attendent. Et nous avons besoin de vous, parce qu’il n’y a rien de plus puissant que l’exemple donné pour se mettre en ordre de marche et faire bouger le monde dans le bon sens.
Enfin, c’est ce que les gens disent…
