Réparer n’est pas jouer !


Edito

Ecrit par Pascal Béria

Il y a quelques semaines, une startup de biotech américaine a fait parler d’elle en annonçant qu’elle était en mesure de ressusciter un dodo à partir du séquençage de son génome. Le dodo, c’est cet oiseau un peu bizarre, endémique de l’île Maurice, disparu il y a plus de 300 ans après l’arrivée impromptue des hommes sur son île. 

Ce mouvement de « dé-extinction » d’une espèce tient du rêve prométhéen. Au-delà de la question éthique fondamentale qui se pose sur la capacité à manipuler le vivant à notre guise, cette envie de résurrection pose deux questions fondamentales : est-il raisonnable de chercher à réparer un écosystème brisé en même temps que nos erreurs passées ?


Le choix de faire renaître le dodo n’est évidemment pas un hasard. Cette version géante du pigeon est bien malgré lui un symbole. Celui de l’orgueil humain autant que d’une prise de conscience de notre impact sur nos environnements. Réveiller le dodo était donc une manière louable de lui rendre justice. Ramener à la vie des êtres que nous avons anéantis. Pour autant, décider de réintroduire une espèce dans son milieu n’est pas nécessairement une bonne idée. C’est sans doute un moyen spectaculaire d’éveiller les consciences et, au passage, d’attirer
les financements. Mais c’est aussi une caution pour faire disparaître toute forme de responsabilité. Si tout peut être réparé, quelle nécessité y aurait-il à préserver 

Au même titre que posséder la puissance nucléaire n’est pas une raison pour s’en servir, être en capacité de réparer ne doit donc pas être un blanc-seing pour le faire. Pour le dire autrement, il n’est pas toujours souhaitable de chercher à réparer ce qui est cassé. D’abord parce que réparer ne permet jamais de revenir à l’état originel. On imagine mal le dodo se trouver aujourd’hui une place sur son île d’origine. Ensuite, parce qu’il est parfois plus raisonnable de faire table rase de ce qui ne marche plus plutôt que de rapiécer ce qui ne peut plus l’être. C’est une leçon qui est valable pour bien d’autres sujets que celui du pacifique dodo qui, lui, n’a rien demandé. 

Alors réparer ou ne pas réparer ?

Si cette question cornélienne vous inspire, rejoignez notre team lors du prochain sommet des Napoleons qui se tiendra à La Baule du 28 juin au 1er juillet prochains.