Si loin, si proches


Edito

Ecrit par Pascal Béria

Nous sommes désormais presque 3 milliards d’humains confinés. Plus du tiers de la population de la planète physiquement séparé, mais partageant la même condition et le même sujet de conversation. Une situation parfaitement inédite et qui rend caduque tous les mécanismes de relations sociales que nous connaissons. Une expérience grandeur réelle, en quelque sorte. En nous privant de contact, ce sacré virus aura tout de même eu le mérite de rendre tangible ce à quoi nous croyons tant, aux Napoleons : le besoin d’être ensemble, de faire communauté.

« Cette crise (du Coronavirus) nous montre que la mondialisation est une interdépendance sans solidarité » déclarait Edgar Morin, que nous avions eu le plaisir d’interviewer juste avant de nous réfugier dans nos foyers. De toute évidence, cette crise sanitaire prouve le contraire. Contre toute attente, la distanciation nous a rapprochés. Et si on ne se touche plus, on se met à mieux s’entendre. Vous avez remarqué comme la voix s’impose partout comme le moyen de rester en contact ? La rue nous est interdite, alors on se parle désormais par-delà les balcons, à la manière des bergers qui s’interpelaient autrefois entre deux montagnes pour garder, malgré tout, le lien social. Applaudissements quotidiens et concerts improvisés sont devenus des moyens collectifs de partage et de solidarité. De son côté le téléphone, qu’on avait un peu délaissé, redevient l’outil idéal pour nos conversations. Par résilience, l’oralité tient sa vengeance. Le besoin de communiquer reste le plus fort.

« On ne se rend compte de l’importance des choses qu’après les avoir perdues » nous disent les gourous de la pensée positive. En nous renvoyant brutalement tous dans nos foyers, cette crise sanitaire a révélé l’importance de tout ce que, par habitude, nous croyions précisément acquis. Il faudra s’en souvenir quand, de nouveau, nous pourrons nous voir comme avant. Et nous, comme on garde l’esprit positif, on est persuadés que nous aurons bientôt l’occasion d’en discuter « pour de vrai » …

D’ici là restez au chaud !